Ensilage Longueur de coupe du maïs : un ajustement à la carte
Fourrage. La longueur de coupe du maïs ensilage s’anticipe en amont du chantier de récolte. Le principe : couper fin et ajuster les réglages en fonction du taux de matière sèche de la plante, du mode de distribution et de la composition de la ration.
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En matière de longueur de coupe du maïs ensilage, il n’y a pas de préconisation unique. Le bon réglage dépend de la qualité du maïs, de la ration, du mode de distribution et des risques que l’éleveur est prêt à prendre. L’idée est de couper le plus finement possible pour favoriser la conservation, l’ingestion de la ration et sa digestibilité.
Si le maïs est coupé trop grossièrement, cela peut poser des difficultés de tassage des silos, un défaut d’efficacité alimentaire et des refus. Une étude ACE (Avenir Conseil Élevage) auprès de 40 élevages indique que dans près d’un tiers des cas, des brins trop longs ne permettent pas une valorisation optimale de la ration.
Fibrosité : une approche multicritère
À l’inverse, si la coupe est trop fine, il y a un risque de manque de fibrosité, et donc d’acidose. Pour rappel, deux éléments sont à prendre en compte pour prévenir l’acidose et la baisse de pH ruminal, défavorable au TB.
La fibrosité chimique : elle s’exprime en quantité de NDF (parois végétales) et de cellulose brute. Les recommandations sont de 350 g de NDF/kg de MSI et 17 à 18 % de cellulose brute. Parallèlement, il s’agit bien sûr de respecter le plafond de 40 % maximum de concentré/kg de MSI (tendre vers la zone de confort de 25 %) et de 20 % d’amidon et de sucres rapides.
La fibrosité mécanique : deux critères sont à retenir. Le plus important est un pourcentage de particules de moins de 5 mm sur le tamisage de la ration qui doit être inférieur à 40 %. Le second est la longueur de coupe du fourrage. Ensemble, ils créent un équilibre métabolique avec la partie chimique. Il faut donc garder à l’esprit que la longueur de coupe ne réglera pas seule le risque acidogène.
Réduire la longueur du maïs pour chaque kilo d’herbe distribué
La bonne longueur de coupe du maïs ensilage doit être raisonnée en amont du chantier de récolte et adaptée en fonction des éléments suivants.
Taux de MS du maïs à la récolte : un maïs plus sec sera haché plus fin, pour renforcer sa digestibilité et faciliter le tassage donc la conservation. Ainsi, avec un maïs à plus de 35 % MS, on diminuera légèrement la longueur de coupe (-1 à -2 mm). Toutefois, même avec un maïs très sec, on ne descendra pas en dessous de 6-7 mm. À l’inverse, avec un maïs vert (moins de 28 % MS), on augmentera la longueur de coupe de 1 à 2 mm.
Ration distribuée : la règle est d’augmenter la longueur de coupe du maïs de 1 mm/kg de MS de concentré (hors correcteurs azotés, car non acidogènes) et de coproduits contenus dans la ration, et de retirer 1 mm/kg de MS de fourrage, source de fibres (foin, ensilage, enrubannage ou paille). En ration semi-complète, on retiendra le niveau de complémentation moyen distribué au Dac. En effet, si l’on adapte la longueur de coupe à la quantité maximale de concentrés de production distribués aux VHP, le calcul aboutirait à un hachage trop grossier. Or, il vaut mieux un hachage un peu trop court que trop long.
Outils de reprise et de distribution de la ration : ces équipements recoupent la fibre. En utilisant une mélangeuse, on augmente donc la longueur de coupe de 1 à 2 mm (à adapter en fonction du temps de mélange), et de 2 à 3 mm s’il y a une fraise.
La qualité du chantier contrôlée avec un tamis, un seau et un gobelet
Il ne s’agit pas d’appliquer strictement une grille de hachage au millimètre près, mais plutôt d’un état d’esprit, dont la finalité est une valorisation optimale du fourrage. Dans la pratique, lors du chantier d’ensilage, le contrôle de la longueur de coupe se fait à l’aide d’un tamis, d’un seau de 10 litres et d’un gobelet (de type gobelet à café, en plastique) :
remplir un seau de 10 litres d’ensilage fraîchement récolté ;
passer au tamis afin de séparer les particules de moins de 1 cm, celles de 1 à 2 cm, et celles supérieures à 2 cm.
C’est le nombre de gobelets de particules de 1 à 2 cm qui renseigne sur la longueur de coupe du maïs : une longueur de 8 -10 mm correspond à 8 à 10 gobelets de ces particules de 1 à 2 cm. Dans notre exemple (voir infographie ci-contre), si l’ensileuse est bien réglée, on devra donc retrouver 13 gobelets de ces particules pendant le chantier. Ainsi, le cas échéant, le tamisage doit amener à ajuster le réglage de la machine : un hachage trop grossier est en effet à mettre en lien avec l’affûtage des couteaux ou le réglage de l’écart entre les couteaux et les contre-couteaux.
Un tamisage à renouveler en cours de campagne
Dans le même esprit, pendant le chantier, on contrôlera également le bon éclatement des grains, avec le test du seau d’eau. Pour rappel : versez 1 à 2 kg d’ensilage dans le seau d’eau ; attendez quelques instants que les grains tombent au fond ; ôtez les fragments de feuilles et de tiges qui surnagent, puis l’eau. Enfin, observez l’aspect des grains : s’ils ne sont pas tous coupés au moins en quatre, il faut resserrer l’éclateur.
Ces deux opérations de contrôle du chantier d’ensilage ont un lien : réduire la longueur de coupe contribue à l’éclatement du grain. La qualité du maïs pouvant varier d’une parcelle à l’autre, elles pourront être répétées plusieurs fois avec l’aide du conseiller. Cela peut même justifier l’achat d’un tamis, renouveler le tamisage en cours de campagne étant aussi un bon moyen de contrôler que la part de particules fines dans la ration n’excède pas 40 %.
Jérôme Pezon, avec l’équipe fourrage d’Avenir Conseil Élevage
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